Quartiers et police : le divorce est-il consommé ?

Le 8 février dernier, le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb lance la police de sécurité du quotidien (PSQ), un engagement de campagne du chef de l’Etat. Cette mesure a pour objectif de mieux intégrer les forces de l’ordre aux problématiques de proximité dans les quartiers sensibles. Ce n’est pas sans rappeler la police de proximité mise en place par le gouvernement Jospin en 1997, abrogée par Nicolas Sarkozy en 2003.

La PSQ est d’abord déployée dans des zones prioritaires. Ainsi, M.Collomb annonce des “moyens supplémentaires” dans trente quartiers prioritaires de “reconquête républicaine” d’ici à 2019, ainsi que vingt départements “mieux accompagnés” en zone gendarmerie. La place Beauvau annonce également 10.000 postes supplémentaires dans les forces de l’ordre sur le quinquennat d’Emmanuel Macron.

 

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Les 30 quartiers prioritaires de « reconquête républicaine » et les 20 départements « mieux accompagnés » en zone gendarmerie.

 

La mise en place de la PSQ intervient un an presque jour pour jour après l’affaire Théo, victime de violences aggravées par trois policiers lors d’un contrôle d’identité à Aulnay-sous-Bois en février 2017. Très médiatisée, cette affaire a relancé le débat sur la relation critique entre la police et les résidents des quartiers et fait écho à la mort d’Adama Traoré lors d’une interpellation en juillet 2016. Des manifestations de mécontentement ont fait suite à cet incident, de l’initiative des habitants des quartiers mais également des forces de l’ordre qui estiment que leur sécurité n’est plus assurée dans leur travail.

Gérard Collomb dénonce une politique du “reporting” qui consiste à gonfler les statistiques en multipliant les contrôles, au détriment de la qualité du service. Cette tactique du chiffre mènerait fatalement à des contrôles d’identité discriminatoires et à des bavures policières. Outre la PSQ, plusieurs moyens sont proposés pour limiter ces altercations : l’installation de caméras supplémentaires, la légalisation du cannabis – marché parallèle qui représente 50% des contrôles policiers – ou le rééquipement de la police municipale.  

Le spectre des émeutes de 2005 pèse toujours tandis que la tension ne faiblit pas dans les banlieues. La PSQ tentera de rétablir la confiance entre la police et les quartiers sensibles alors que le divorce semble bel et bien consommé.

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