#Balancetonporc : le grand déballage

Le ministre de l’Action et des Comptes publics, Gérald Darmanin est visé par une deuxième plainte pour abus de faiblesse, après avoir été accusé de viol. Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique est également dans la tourmente, après qu’un dépôt de plainte classée sans suite en 2008 a été révélé par le magazine “Ebdo”. Il semblerait que la classe politique ne soit pas épargnée par la libération de la parole des femmes victimes de harcèlements et d’agressions sexuelles.

Les langues se sont déliées depuis l’affaire Weinstein dévoilée par le New York Times en octobre 2017. De nombreuses actrices et personnalités d’Hollywood rapportent alors avoir été victimes ou témoins des agissements du puissant producteur américain. La diatribe collective contre M.Weinstein provoque une déferlante sur les réseaux sociaux. La mention #metoo accompagne les témoignages de milliers de femmes, trouvant enfin le courage de dénoncer les prédateurs sexuels de tous milieux, dépassant l’univers du cinéma.

La journaliste Sandra Muller a rapidement importé ce phénomène en France avec #balancetonporc. Très vite, les françaises s’en emparent sur les réseaux sociaux et brisent l’omerta à leur tour. Il existe maintenant un site décliné de cette mention : balancetonporc.fr. Cet espace compile les témoignages des victimes qui reçoivent des “soutiens”. Les semaines passent et le phénomène ne faiblit pas, mais des critiques commencent à émerger face aux potentiels abus de ce “name and shame” à grande échelle.

Une tribune signée par des centaines de femmes dont plusieurs personnalités comme Catherine Deneuve est publiée le 10 janvier dans le journal “Le Monde”, rejetant le “puritanisme” en vigueur depuis l’affaire Weinstein. Sous la pression, l’actrice a dû se désolidariser, mais d’autres voix se sont élevées pour affirmer leur droit d’être importunée. Les signataires se refusent à être considérées comme des victimes permanentes. Cette opinion divergente permet à d’autres de se faire entendre, notamment sur les abus d’une telle dénonciation. Le support est propice au mensonge et à l’exagération conduisant des hommes à démissionner à cause d’une accusation relayée sur Twitter. Sans être jugé que par le tribunal médiatique, la présomption de culpabilité pèse sur chacun des hommes.

L’Obs titre la semaine dernière “Faut-il tout #balancer?”. L’hebdomadaire relaie l’inquiétude d’une frange grandissante de la population face au tribunal d’opinion qui “cloue les hommes au pilori”. Ces accusations ont d’autant plus d’importance lorsqu’il s’agit de personnages publics comme MM.Darmanin et Hulot. Les journalistes sont mis en cause en dévoilant ces affaires avant qu’elles ne passent devant les institutions judiciaires.

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