Russie : une élection sans surprise

Vladimir Poutine a été réélu président de la fédération de Russie à 76,66% des voix ce dimanche 18 mars. Plébiscité avec plus de 56 millions d’électeurs, il entame son quatrième mandat après 18 ans au pouvoir.

L’ex-directeur du KGB n’a même pas pris la peine de présenter un nouveau programme économique et social, ni de participer aux débats télévisés face à ses adversaires. Dans ce simulacre d’élections démocratiques, le candidat arrivé second, le communiste Pavel Groudinine, recueille 11,8% des voix.

Malgré une sérénité apparente, Vladimir Poutine n’a rien laissé au hasard. Interdit de scrutin pour une affaire de corruption, son principal concurrent Alexeï Navalny dénonce une condamnation “fabriquée”. Celui qui se présentait comme le candidat anti-corruption appelle au boycottage dès son éviction mais sa demande n’a vraisemblablement pas été entendue puisque la participation est en hausse par rapport au scrutin de 2012.

Si son élection ne faisait aucun doute, la participation était sa seule crainte. M.Navalny riait jaune en évoquant les stands à sandwichs pour moins de 20 roubles (28 centimes d’euros) ou les distributions de badges “j’ai élu le président de Russie” à l’entrée des bureaux de vote à Moscou. Ces techniques racoleuses associées à un contrôle poussé des médias ont permis à ces élections de se dérouler comme prévues.

De nombreuses irrégularités lors du vote ont été signalées par l’opposition. Des vidéos de bourrages d’urnes à peine dissimulés par des assesseurs ont largement circulé sur les réseaux sociaux. Même s’il est impossible de dire si c’est le fait direct du président, son influence peut conduire à ce genre d’initiatives individuelles.

Poutine s’est bien tenu de réagir à cette polémique et a même ironisé lorsqu’un journaliste lui demande s’il briguera un sixième mandat en 2030 si la Constitution russe est modifiée (le mandat est renouvelable une fois consécutivement), induisant sa réélection en 2026. Sans écarter cette éventualité, le chef d’Etat s’amuse : “Vous croyez que je vais vivre jusqu’à 100 ans ?”.

L’empoisonnement d’un agent-double russe sur le sol britannique et les allégations contre les autorités russes n’ont pas eu de répercussions, sinon positives sur la réélection de Vladimir Poutine. A 65 ans, dont 18 à la tête de la Russie, il apparaît comme incontournable. Il contrôle tous les mécanismes de l’Etat et d’aucuns n’hésitent pas à qualifier son régime d’autoritaire.

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